La beauté, les dieux et le fascisme

La Rédaction
Démocratie Participative
20 août 2024

 

La mort d’Alain Delon est sans discussion possible la chose la plus grave qui soit arrivée en France depuis le début du 21e siècle.

Alain Delon défiait par sa seule existence la déchéance catastrophique de cette nation. Pour tout ce qui est démocratique, son existence était une provocation instinctive.

Au moins trois catégories de déchets bio-sociaux ont réagi avec une haine viscérale à sa mort.

Les bicots.

Les femmes blanches qui essaient de réfléchir.

Et les névrosés d’extrême-gauche.

Ce rejet de bile est un condensé de tout ce qui dans ce pays doit être purgé, anéanti, incinéré.

Comme acteur, Delon n’a réellement exercé que de 1957 à 1977. On ne trouve de lui aucun film marquant après cette période.

En 20 ans, il a été bien delà de la célébrité ou du succès, il a pris place dans l’imaginaire de centaines de millions de gens à travers le monde.

Mais il a surtout conquis le temps.

La beauté est un don des dieux. Ils la donnent, temporairement, selon leur volonté souveraine.

C’est la forme la plus immédiatement intelligible de l’ordre divin chez les hommes.

La beauté, comme l’ordre divin, est fasciste.

C’est cet ordre foncièrement hiérarchique, inégalitaire et arbitraire que les ratés et les faibles haïssent d’instinct. Ce qu’ils appellent « l’injustice » et que nous, fascistes, appelons l’ordre naturel.

C’est la même raison qui poussent les races inférieures à se dire « oppressées » par l’homme blanc et certaines femmes à se dire « opprimées » par les hommes.

La beauté opprime les gens laids.

Alain Delon, parti de rien et arrivé à tout grâce à ce don souverain des dieux, était la négation incarnée de tous les principes démocratiques, leur démenti incarné.

Il était très conscient de cette réalité et l’assumait jusqu’à écraser les sentiments des plébéiens dont il provenait. Delon n’avait pas besoin de séduire, il pouvait donc mépriser – la liberté des seigneurs.

Alain Delon, comme tout homme surnaturellement beau, n’avait pas besoin de se justifier : sa beauté le justifiait.

Delon aurait pu être beau et idiot, mais Delon n’avait qu’à se mettre devant une caméra pour que la magie des dieux opère.

Le temps se suspend, une vérité humaine éternelle, d’ordinaire inaccessible, surgit à l’écran et cette vérité dépasse le film ou l’époque pour toucher à l’intemporel qui se trouve au creux de l’homme.

Alain Delon est mort, mais son image animée demeure, comme un souvenir hyper réel. On sait tout à la fois qu’il a existé, vécu, qu’il a été présent et vivant sur cette terre, et qu’il n’existe plus, qu’il n’existera plus pour les millions d’années à venir.

Le moindre caillou a désormais plus de réalité que lui.

Mais son image fixée sur pellicule défiera pour des siècles sa mort tandis que ses films, par la cruauté indifférente du temps, vivront plus de vies que lui-même.

Alain Delon n’était pas un acteur, mais un homme arrivé par hasard dans le cinéma. Bien sûr, rien n’arrive jamais par hasard, et Delon n’est pas un accident. C’était une comète qui, comme d’autres êtres humains choisis par les dieux, éclairent pour un bref moment la vie de l’humanité, lui font voir ce qu’elle peut être et créer si les dieux en décident.

Les langues bileuses se lamentent du personnage Delon qui, à mesure qu’il a entamé son déclin après 40 ans, a lutté contre le châtiment inhérent à la beauté donnée par les dieux : la vieillesse.

Un homme laid à 20 ans n’a rien à regretter à 60 ans. Il n’en va pas de même pour un homme mythique qui, à 30 ans, est au zénith de sa puissance masculine au point de devenir dictatorialement l’amant fantasmatique de millions de femmes.

Un homme chez qui la beauté ne dort jamais, même quand il sommeille.

La beauté, si elle est donnée gratuitement par les dieux, a un prix.

Le commun des mortels n’a pas à porter sur ses épaules le prix d’un tel don, ni ce qu’il implique de dangers et de risques pour celui qui demeure un homme. Méconnaissant la gloire, ils sont quittes de la déchéance.

Les héros grecs devaient vivre cette fatalité divine de la même manière. Delon a été victime de l’hubris qui finit par stériliser les possibilités du don premier. La fin brutale de la magie originelle frappe. Sur le visage du mortel ne reste que le masque évanescent du don que les dieux ont repris.

L’homme, seul, entreprend une lutte inégale, perdue d’avance.

L’homme se retrouve progressivement abandonné à sa seule nature et le poids du mythe devient toujours plus lourd à porter pour un corps qui s’épuise.

L’avenir du héros devient son passé. Plus il est glorieux, plus pèse la gloire perdue à laquelle on s’accroche par contrecoup.

La médiocrité s’empare de l’homme livré à lui seul et le destin démocratique de l’humanité se conclut dans l’avachissement puis la mort.

Il n’y a pas d’aristocratie, ni de principe aristocratique, sans aristocrates.

Après la condamnation démocratique de 1945, les aristocrates ne pouvaient plus se manifester dans la guerre, les conquêtes ou la politique. Ils ont donc naturellement fait irruption dans le domaine central de la société de consommation : le spectacle.

Le spectacle réservait encore à l’aristocratie biologique une aire où exprimer son talent créatif, un espace imaginaire à conquérir à défaut d’empires à édifier.

À présent, la démocratie a fini de consommer le spectacle et là aussi il ne reste plus rien, juste de la boue populacière.

Cette trêve aristocratique dans la déchéance générale est enterrée avec le corps d’Alain Delon qui ne verra plus jamais le soleil. Si l’homme a les yeux rivés sur le soleil, ce sont les dieux souterrains qui disposent de lui et l’enserrent.

Justement et paradoxalement, reste l’éternité de la beauté première fixée en images pour les siècles et les millénaires, comme les statues de 25 siècles de la Grèce ancienne. Encore plus éblouissantes et brutales par leur reflet exact d’une réalité disparue.

Un tel homme a existé, pour un bref moment, contre l’évidence, c’est-à-dire contre l’évidence telle que se la représente la populace.

C’est ce qui rend cette mort si grave : c’est un verdict prononcé contre les vivants.

Demain un autre homme, d’autres hommes peuvent à nouveau surgir pour défier la logique bornée de l’humanité et renverser les funestes normes démocratiques.

Ainsi le veulent les dieux pour rappeler à l’homme qu’il peut être tout ou rien, selon leur volonté suprême, pour dicter aux autres hommes les vérités éternelles de ce monde auxquelles tous, sans exception, nous sommes soumis.

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