Mafia DZ

Leutnant
Démocratie Participative
21 mai 2023

 

Le Parisien :

Les images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent un visage juvénile et marqué par l’acné. Mais ce garçon à peine sorti de l’adolescence cache un tueur de sang-froid qui se filme hilare alors qu’il va « enchaîner les contrats ». Un véritable sicaire à la sud-américaine payé quelques milliers d’euros pour exécuter sans la moindre question, sans le moindre remord, les ennemis de ses employeurs.

Voici, selon nos informations, l’inquiétant profil de Mattéo Farinha, 18 ans, interpellé le 4 avril dernier à Gardanne (Bouches-du-Rhône) par les policiers de la Brigade de recherches et d’intervention (BRI) de Marseille. Un homme qui lâchera aux policiers de la Crim’ cette phrase glaçante : « Vous avez de la chance que je n’avais pas d’arme sur moi. Autrement je serais mort les armes à la main. »

Quelques heures plus tôt, vers 0h40 le 3 avril, Mattéo Farinha. est suspecté d’avoir assassiné Kaïs et Djibril, deux ados de 15 et 16 ans qui se promenaient dans le quartier de la Joliette (IIe arrondissement). Deux jeunes abattus froidement de six balles de 9mm par un tireur à peine plus vieux qu’eux… Le tort de Kaïs, Djibril et d’un troisième garçon âgé de 14 ans touché d’une balle dans l’épaule, est d’avoir été identifiés comme membres du clan d’en face.

Mattéo Farinha est interpellé le lendemain, notamment grâce à un gros travail réalisé par la BRI en amont sur la Peugeot 308 qu’il conduisait lors des meurtres de la Joliette. Et son « palmarès » pourrait dépasser l’entendement. Poursuivi et incarcéré pour le double assassinat de la Joliette, le jeune homme est en effet déjà mis en cause dans une autre exécution.

Selon nos informations, confirmées par le parquet de Marseille, Mattéo Farinha a été mis en examen pour le meurtre d’un jeune Parisien de 20 ans exécuté fin mars dans le quartier marseillais de La Paternelle, centre névralgique d’une terrible guerre entre trafiquants. Le 30 mars, des CRS envoyés en renfort après des coups de feu avaient retrouvé son corps criblé de balles dans un espace vert.

Mais le tueur présumé n’en a sans doute pas terminé avec la justice. Les policiers ont ainsi retrouvé, lors de son interpellation à Gardanne, des trousseaux de clés de voitures qui auraient été utilisées lors de récentes expéditions punitives qui ont endeuillé Marseille.

Selon des sources concordantes, les enquêteurs de la brigade criminelle de Marseille suspectent désormais le jeune homme d’être impliqué dans « six ou sept » autres règlements de compte survenus dans la cité phocéenne. Son nom est notamment évoqué dans la commission d’un meurtre le 17 mars dernier dans le XIVe arrondissement de Marseille.

Un homme de 22 ans y avait été tué de multiples tirs d’arme automatique et un homme de 63 ans, visiblement une victime collatérale, avait été touché par des balles perdues. « Le profil de ce très jeune garçon est évidemment troublant et nécessite d’intenses vérifications », relève sobrement une source judiciaire.

Fils d’une famille de la classe moyenne, Mattéo Farinha aurait ainsi été employé comme tueur à gages par l’un des deux clans qui se livrent depuis quelques mois à une véritable guerre dans les rues de Marseille. Contacté via Snapchat par ses commanditaires, auxquels il aurait directement proposé ses services, le « sicario » avait interdiction par ses employeurs de paraître à Marseille hormis lorsqu’il venait y exécuter des contrats. Ses donneurs d’ordre lui fournissaient des voitures volées et des armes.

Selon un bon connaisseur du dossier, Mattéo Farinha devait se filmer après ses contrats pour prouver la réussite de sa mission. Lors d’un raté, ses employeurs l’auraient menacé de balancer les vidéos à leurs concurrents ou à la police. D’où la détermination du jeune homme à honorer coûte que coûte les commandes. Dérangé par la police alors qu’il s’apprêtait à abattre une cible, il serait revenu deux heures plus tard finir le travail.

Au total, le jeune homme aurait touché jusqu’à 200 000 euros pour ses basses besognes. Mais de manière encore plus troublante, l’argent ne semble pas avoir été le moteur des exécutions.

« Il semble être fasciné par le crime organisé comme d’autres le sont par le djihadisme, c’est un radicalisé du crime, souffle une source policière. Ce genre de garçon, c’est le profil idéal pour les caïds. Ce sont des gâchettes qu’ils peuvent jeter sans problème. » Mattéo Farinha aurait été, jusqu’à son interpellation, un porte-flingue de la DZ Mafia. Ce clan et celui du Yoda – du nom du personnage de Star Wars qui orne les murs d’un point de deal de La Paternelle – se cacheraient derrière la grande majorité des 18 meurtres commis à Marseille depuis le début de l’année.

Une véritable vendetta initiée par deux caïds du narcobanditisme surnommés « Tic » et « Féfé ». La lutte entre ces deux anciens associés des quartiers Nord, devenus ennemis, a d’abord démarré pour s’accaparer un territoire : la cité de la Paternelle et ses fours – point de vente de drogue – lucratifs. Puis elle s’est transformée en véritable guerre, se répandant, telle des métastases, dans d’autres quartiers de Marseille.

Aujourd’hui les deux clans, qui tiennent presque la moitié des points de deal de Marseille, ne tirent pas seulement pour conserver ou gagner un territoire mais aussi pour intimider, terroriser la concurrence.

« On va essayer de faire mal à l’adversaire en tuant des gens de son entourage, de son réseau, avait relevé Frédérique Camilleri, la préfète de police des Bouches-du-Rhône, après la terrible nuit du 3 avril. Cela explique sans doute l’enchaînement de fusillades (qui visent) le plus souvent des personnes extrêmement bas dans le réseau. » Avec, loin de ces théâtres sanglants, deux caïds en fuite à l’étranger qui tirent les fils et font exécuter leurs crimes par des gamins à peine sortis de l’adolescence.

Cette sorte d’ubérisation du crime semble avoir changé la donne du banditisme. Comme l’a révélé le Parisien récemment, cinq hommes suspectés d’appartenir à un réseau de jeunes tueurs à gage ont été mis en examen à Paris en mars. Ces jeunes sont notamment suspectés d’être derrière l’assassinat d’un homme de 36 ans abattu en juillet 2022 rue Popincourt à Paris, mais pourraient en avoir commis d’autres, commandités là encore de loin par un caïd.

Marseille, c’est plus belle la vie !

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