« Pourquoi le Rassemblement national ne livre-t-il pas la bataille culturelle ? »

La Rédaction
Démocratie Participative
01 août 2024

Note : cet article devait paraître beaucoup plus tôt dans la journée, mais suite à un problème technique particulièrement chiant il n’est publié que maintenant. Cet article mérite d’être lu (je pense). 

La réponse elle est dans la question (ndlr)

François Bousquet a publié une tribune dans Le Figaro où il se plaint de la nullité du RN et de Marine Le Pen, sans toutefois oser le dire textuellement.

S’il y a quelques constats objectifs, l’analyse de fond est insatisfaisante.

Le Figaro :

«C’est la huitième fois que la défaite frappe le nom de Le Pen.» On se souvient de la petite phrase, assurément maladroite, d’Éric Zemmour après l’échec de Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle de 2022. Le 7 juillet dernier, Zemmour aurait pu ajouter à cet étrange palmarès une neuvième défaite. La question de savoir si le Rassemblement national vaincra le signe indien de l’élection n’en reste pas moins ouverte. Deux hypothèses se font face ici : celle du plafond de verre et celle du palier. La première postule qu’il y a un seuil incompressible au-dessus duquel le RN ne peut s’élever ; la seconde, au contraire, que ce n’est qu’une question de temps et de gains marginaux pour obtenir une majorité. Pourquoi pas ? Imaginons donc, comme dans les problèmes pour écoliers, que le RN accède aux responsabilités, que se passera-t-il alors ? Pourra-t-il réellement exercer le pouvoir ? Les corps d’État, petits et grands, accepteront-ils d’obéir à un exécutif «bleu Marine» ?

Tout le monde a vu, entre les deux tours des législatives, comment la dynamique électorale du RN, qui semblait jusque-là irrésistible, s’est brisée face à un infranchissable tir de barrage «républicain». L’UMPS s’est spontanément reformée, une sorte d’UMPS+++ agrégeant les voix du Nouveau Front populaire avec le concours quasi unanime de la société civile. Qu’adviendra-t-il de ce front, même fissuré, si le RN parvient aux manettes ? S’activera-t-il de nouveau et sous quelles formes ? L’extrême gauche dans la rue ? La désobéissance civile débouchant sur une situation de chaos institutionnel ? Il est trop tôt pour le dire.

Non, il n’est pas « trop tôt » pour le dire.

Ce front antifasciste serait actif dès le premier jour, pour cinq ans, coalisant un million de personnels de l’Éducation « Nationale », les étudiants, tous les syndicats des secteurs stratégiques, les banlieues ethniques, la quasi totalité des médias, la finance internationale (sans laquelle l’État fait faillite dans les trois mois), à peu près toutes les administrations, et le showbiz, c’est-à-dire « la culture ».

La petite semaine d’hystérie antifa que le système a opposé à Marine Le Pen et Bardella a suffi à les rendre aussi dociles que des chiens d’aveugle. Cinq ans de ce traitement ne seraient même pas nécessaires au renversement de leur gouvernement.

Libre à chacun d’épiloguer sur la nature et la légitimité de ce barrage républicain. Ce sont plutôt ses conditions de possibilité qu’il faudrait interroger. La vérité, c’est qu’il en va de la nature politique comme du reste : elle a horreur du vide. Jamais ce front n’aurait atteint une telle intensité s’il n’avait pu tirer parti de l’isolement du RN et de son incapacité à s’appuyer sur de larges pans de la société civile pour en contrebalancer les effets. Or, c’est à la société civile qu’il appartient de fabriquer du «consensus-consentement», selon le mot d’Antonio Gramsci, le grand théoricien du combat culturel. Comment ? En produisant les énoncés de référence, assurant de ce fait la direction des esprits par le truchement de ce que Gramsci désignait sous le terme d’«appareils d’hégémonie», l’hégémonie n’étant rien d’autre que la faculté à transformer l’idéologie d’un groupe social en croyances universellement reçues et acceptées sans examen par tous.

C’est ce pouvoir, le pouvoir culturel, qui commande les autres pouvoirs. Pas de victoire politique durable sans hégémonie idéologique. Que serait en effet un pouvoir politique orphelin du pouvoir culturel ? Un pouvoir frappé d’hémiplégie et d’impuissance, singulièrement dans les vieilles démocraties libérales, où la société civile est solidement implantée et coproductrice du pouvoir politique depuis le XVIIIe siècle.

Depuis quelques années, on voit fleurir des articles soulignant la victoire idéologique du RN. C’est aller un peu vite. Exception faite du campus Héméra, l’école de formation et de culture politique du RN lancée en 2023, le parti de Marine Le Pen n’a pas fait une priorité du combat culturel, au moins depuis le départ de Bruno Mégret, en 1998, imaginant sûrement que l’intendance intellectuelle suivrait. Elle tarde. Où sont les Sartre, les Aragon, les Yves Montand, les Jean Ferrat du RN ? En son temps, le PCF avait su les attirer.

C’est mal poser le problème.

Tout d’abord, d’instinct, Marine Le Pen hait ces questions, comme tous les médiocres dont elle s’entoure.

Marine Le Pen est une femme au niveau intellectuel lamentable dont la seule force est la voracité qui l’anime. Elle ne conçoit son engagement politique que comme une revanche personnelle contre une société parisienne qui la rejette depuis toujours à cause du nom qu’elle porte. Sa vie est gouvernée par la – relative – marginalité qui lui est imposée et c’est cette marginalité subie à laquelle s’identifie ses électeurs.

Sa dédiabolisation, qui consiste à adopter les idées dominantes, n’est pas qu’opportuniste. Son identité personnelle s’est construite sur le rejet de son père et de ce qu’il représente pour l’ordre établi, tout en conservant la boutique familiale pour des raisons purement alimentaires. Lorsqu’elle s’indigne du fait que la classe dominante l’assimile à l’extrême-droite, donc à une sorte de force radicalement hostile au système, c’est parfaitement sincère.

Pour le dire plus simplement, Marine Le Pen est cette recalée d’une boîte de nuit select qui fait le forcing pour aller s’éclater avec ceux qui l’ont blackboulée. Tout le reste, c’est de la littérature.

Dans ces conditions, l’idée même de contester l’ordre culturel dominant est un non-sens quand on parle de cette femme et de son parti.

Pire, comme elle est dévorée par un énorme complexe d’infériorité sociale, la moindre proximité avec des gens intelligents, cultivés et articulés qui conteste cette culture représente à la fois une entrave dans son projet personnel de normalisation bourgeoise et une menace sociale immédiate dans la chaîne alimentaire de son parti tant elle a conscience d’être médiocre.

En ce sens, le RN ne sera jamais « national », mais dynastique, sans les qualités aristocratiques des véritables dynasties. Au RN, le lepénisme n’existe que par l’entretien de la médiocrité en tout et les coteries sexuelles remplacent les mécanismes traditionnels de décision politique. En cela, d’ailleurs, il opère de la même manière que le macronisme, en étant bien moins performant.

Quand on a cela en tête, tout le reste de cette tribune tombe à côté du problème.

D’aucuns vous confieront en «off» que s’afficher RN revient à se condamner à la mort sociale. Mais il y a des stratégies de contournement. La première d’entre elles passe par la création d’un écosystème militant. Du temps des mégrétistes, il y a 30 ans, ce qui était alors le FN s’était doté d’un Conseil scientifique. On pouvait y croiser des sociologues de haut vol comme Jules Monnerot et quantité d’universitaires de renom. Le bilan est maigre aujourd’hui, une fois qu’on a fait le tour de l’essayiste Hervé Juvin ou du politologue Jérôme Sainte-Marie. Où sont les intellectuels organiques du RN, ses avocats médiatiques, ses ambassadeurs culturels, ses conférenciers, ses appareils d’hégémonie, ses think-tanks, ses journaux, ses cercles de réflexion, ses maisons d’édition ?

Ces structures ont pour mission de créer et d’organiser l’hégémonie culturelle, dont elles sont les médiateurs privilégiés, en faisant émerger une «intellectualité nouvelle», c’est-à-dire une contre-culture. Travail de longue haleine. En attendant, le RN aurait pu s’appuyer sur les «intellectuels traditionnels», conservateurs et catholiques. Ce qu’il n’a guère fait. Il suffit de songer à la fin de non-recevoir adressée aux zemmouriens et aux auteurs nés dans le sillage de la Manif pour tous. Pire qu’un crime, une faute.

Il faudrait expliquer à cet homme que le RN est sur une ligne LGBT dure, parce que toute sa direction est peuplée d’homosexuels, de Chenu à Briois en passant par Bild et Tanguy.

Je ne sais pas à quoi Bousquet fait référence lorsqu’il dit vouloir injecter des « conservateurs » ou des « catholiques » au RN, c’est-à-dire les représentants de l’ancienne bourgeoisie du 19ème et du 20ème siècle, alors que Marine Le Pen s’active pour intégrer la bourgeoisie sodomite du 21ème.

On a souvent cité l’interview que Nicolas Sarkozy a donnée au Figaro Magazine à la veille de la présidentielle de 2007, sous la dictée de Patrick Buisson, où le futur président de la République faisait sienne «l’analyse de Gramsci : le pouvoir se gagne par les idées. C’est la première fois qu’un homme de droite assume cette bataille-là.» Rien de tel du côté du RN. Résultat : il n’y a pas encore eu de moment gramscien pour le RN, parce que ce parti a cru pouvoir faire à l’économie d’un «gramscisme de droite», à la différence d’un Éric Zemmour ou d’une Marion Maréchal, qui, eux, ont toujours assumé cette dimension du combat politique.

Et ils se sont plantés électoralement, ce qu’aura beau jeu de dire l’atroce Le Pen.

C’est une chose d’être tout-puissant sur TikTok, c’en est une autre d’être producteur d’idées. Nul ne nie la nécessité de communicants, mais ils ne sauraient à eux seuls écrire le scénario. Pour cela, il faut bien d’autres choses, et d’abord une théorie du combat culturel assortie à un dispositif opérationnel ad hoc. Ce dont ne semble pas être pourvue la boîte à outils du RN. Avoir des électeurs suffit à son bonheur, les lecteurs semblent de trop dans cette équation. Depuis ses premiers succès, le RN a fait le choix de passer par-dessus les corps intermédiaires pour s’adresser directement à son électeur, en faisant comme si la société civile n’existait pas. Or, la société civile est une réalité avec laquelle il faut compter et le langage qu’on lui tient est d’abord métapolitique, c’est-à-dire idéologique. Faute de posséder un tel outil, c’est le langage de l’adversaire que l’on est réduit à singer.

À scruter les insuffisances du RN, on en vient à penser que la principale faiblesse de ses cadres semble tenir à la précarité de leur statut social, comme s’ils avaient intériorisé leur condition de dominés, à peu près dans tous les domaines, dans les médias, dans les hémicycles, dans les universités, etc. En faisant le choix de la furtivité et du profil bas (le «pas-de-vaguisme»), le RN consent à sa domination dans les discours, pareil en cela à son électorat, lui aussi dominé, stigmatisé et infériorisé, n’ayant en réserve aucun contre-récit à opposer au récit dominant.

Sur ce point, là aussi, ce n’est pas une erreur d’attitude.

Bousquet part du principe que ce parti serait de « droite nationale », avec des soubassements historiques et idéologiques clairs.

Le RN n’a aucune cohérence idéologique, c’est un parti personnel et démagogique qui se positionne à l’improviste et qui gagne malgré lui en raison du ras-le-bol de millions de gens face à l’invasion migratoire.

À ce titre, il ne se « soumet » à rien, il se reconnaît pleinement dans le régime républicain et ses représentations actuelles – toutes dictées par la gauche, foyer originel de la révolution française. Il pédale donc dans la guimauve rousseauiste et divague sur le thème du résistantialisme, n’ayant pas même l’idée de remettre en cause 1945 et 1789. Partant, il ne peut pas contester les fondements de la machine antifasciste qui le comprime socialement, électoralement et médiatiquement, puisqu’il se pense dans le camp républicain et antifasciste.

Quand la Le Pen va se prosterner devant le terroriste Manouchian à la botte de Staline, personne ne l’y force, elle y va avec entrain.

À ce sujet, Vincent Reynouard a fourni depuis longtemps le constat pertinent.

La dynastie Le Pen est un mal nécessaire pour le régime en place, un sas d’isolement indispensable pour la plèbe autochtone mécontente, et il s’en accommode parfaitement depuis plus de 50 ans.

Pour comprendre la situation du RN et se donner les moyens de penser la condition historique de ses électeurs, il faudrait faire appel aux concepts développés par les sciences sociales, toutes acquises au wokisme et au gauchisme culturel – pour les retourner contre le wokisme et le gauchisme culturel. Les concepts de «domination», de «discrimination systémique», de «privilège», d’«invisibilité», de «politique de reconnaissance», d’«inclusion» sont taillés sur-mesure pour le RN. De fait, voter pour ce parti n’est associé à aucun prestige social. Ce qui domine au contraire, dans les représentations, c’est la condescendance, sinon le mépris, d’une large part de la société civile, qui regarde ce parti de haut, de loin et de travers.

Le cœur sociologique de l’électorat du RN appartient aux classes «subalternes» (les «premiers de corvée»). Quel est le propre de ces classes ? Elles n’ont aucune légitimité culturelle tant et si bien qu’elles sont aussi inaudibles qu’invisibles. De la même manière qu’il y a des ondes lumineuses (les infrarouges par exemple) que l’œil humain ne perçoit pas, il y a des catégories sociales que l’œil social ne voit pas. C’est là comme une forme de «daltonisme» (autre concept des sciences humaines qui peut faire l’objet d’un détournement).

Aucune série Netflix, aucun téléfilm de France Télévisions ne mettent en scène ces catégories sociales. La télévision les snobe avec une bonne conscience qui frise le racisme de classe.

Si déjà Bousquet pouvait éviter de jargonner comme un simili gauchiste, ce serait un pas dans la bonne direction.

Rappelons-le : le racisme est naturel, normal et nécessaire.

L’Arcom est la première à le savoir puisqu’elle diligente des études sur la représentativité des catégories socioprofessionnelles à la télévision (et pas seulement des minorités visibles, même si l’on ne parle que d’elles). Les cadres supérieurs, qui ne représentent que 10% de la population, constituent 65% des personnes qui s’expriment sur les chaînes de la TNT. Alors que les ouvriers, qui représentent pourtant 12% de la population, n’occupent que 2% du temps d’antenne. Les employés et les classes moyennes ne sont guère mieux lotis. On les voyait souvent au premier rang dans les émissions de Cyril Hanouna, mais l’Autorité de régulation a décidé de débrancher C8 et TPMP, non sans inconséquence, puisqu’elle est la première à convenir que «la télévision donne à voir une image très urbaine de la société». La cérémonie d’ouverture des JO nous l’a d’ailleurs amplement rappelé, même si aujourd’hui on ne coupe plus la tête de Marie-Antoinette, seulement son micro. Ce qui aboutit, volens nolens, au même résultat.

C’est donc la double peine pour les catégories populaires. Privées d’expression politique par le «barrage» républicain, elles se voient privées d’expression médiatique. Ainsi fonctionnent les castors du barrage politique et les Pollux du filtrage médiatique. Ce processus d’invisibilisation opère à tous les niveaux. Étonnamment, les dirigeants du RN y consentent et ne trouvent rien à lui opposer. C’est le revers de la stratégie de la normalisation : une forme de discrétion sociale, d’acquiescement involontaire, de moins-disant doctrinal, qui vient redoubler l’invisibilité subie de la France périphérique. Aucune chance de s’élever à la phase d’hégémonie culturelle dans ces conditions.

Dans la «dialectique du maître et de l’esclave», le philosophe Hegel a montré que l’esclave peut retourner contre le maître la relation de domination, mais à une seule condition : en étant actif, en travaillant, en transformant le monde, en luttant pour la reconnaissance et la visibilité. Voilà qui recoupe les enjeux du combat culturel pour la droite. Être plus proactive, plus offensive, plus contre-offensive. D’autant que le front républicain finira par apparaître pour ce qu’il est : un affront démocratique, celui d’une caste à bout de souffle («les Français ne feront pas deux fois ce chèque», dixit Macron), qui est en train de brûler ses dernières cartouches. «Les forces réactionnaires au seuil de leur perte, disait Mao Zedong, se lancent nécessairement dans un ultime assaut contre les forces révolutionnaires. »

Si on ne parle pas de « catégories populaires blanches », cette critique est incompréhensible. « Catégories populaires » est un terme d’ordinaire employé par la gauche pour euphémiser sa référence raciale aux masses allogènes présentes sur le territoire français sans se dissocier de la grille de lecture « sociale ».

Bousquet patauge un peu trop allègrement dans une rhétorique marxisante, comme tous ces gens de la « nouvelle droite » qui n’est pas nouvelle, ni de droite d’ailleurs.

Au surplus, dans une société sophistiquée, les catégories populaires n’ont aucune culture propre. Jamais, nulle part, les catégories populaires ne créent de culture. On ne peut trouver un tel schéma que dans des peuplades restées au stade du néolithique, sans spécialisation sociale, à l’instar des nègres d’Afrique.

La culture est toujours produite par la classe dominante d’une société évoluée qui est ensuite reprise et mimée par les classes inférieures qui aspirent à vivre comme les classes supérieures.

Les costumes folkloriques français sont par exemple des copies approximatives des robes de cour du 17ème siècle. Aucune paysanne ne s’est spontanément mise à créer quoi que ce soit, elles ont seulement voulu jouer les « dames » des châteaux environnants qu’elles admiraient.

C’est aussi vrai en France qu’en Chine.

Pour créer, il faut être un artiste. Un artiste, pour exceller, doit se consacrer à son art et donc en vivre. Il doit appartenir à un surplus humain qui n’a pas à s’adonner à une activité économique alimentaire. C’est la raison pour laquelle seuls les princes pouvaient s’entourer d’eux et que ceux-ci leur fixaient les axes de la culture de leur temps.

Rien n’a changé.

Aujourd’hui, la bourgeoisie qui a remplacé l’aristocratie produit la culture qui lui correspond et, aujourd’hui comme hier, l’écrasante majorité de la plèbe s’identifie à ce que la classe dominante verse dans son auge.

Le rap, qui sature l’ensemble de l’espace auditif français, serait invisible si l’appareil politico-médiatique et culturel ne lui donnait pas une exposition massive.

L’idée que des Français au smic issus des zones pavillonnaires se mettraient à produire une « culture », sans même parler d’une culture supérieure, est une aberration. Le rapport de ses populations à la culture consiste justement à consommer celle que la classe dominante produit pour eux, via Netflix et autres.

Demander à un smicard pavillonnaire de produire de la culture revient à le mettre en face à face avec le voisin d’à côté – c’est-à-dire face à lui-même – pour le faire rêver.

Ces gens n’ont pour horizon que leur pavillon, leur bagnole et leur clébard. La dernière chose qu’ils veulent, c’est d’être mis en face du miroir de leur vie quotidienne. Ce serait comme de leur dire qu’ils ont pris perpétuité. La lourde laisse sociale qu’ils ont autour du cou les aliène, ils veulent consommer un peu d’opium imaginaire pour avoir l’impression d’être autre chose, le temps d’une série.

Ce n’est pas leur voisin qui va la leur produire, c’est la grande bourgeoisie culturelle.

Pourquoi les paysans au Moyen Âge étaient croyants ? Parce que leur télévision, c’était l’église, la seule chose qui les sortait de leur arpent de terre le temps d’une messe. Les églises étaient à la fois la télévision et le cinéma médiéval. Quand on laboure le même lopin de terre jusqu’à la mort, on veut regarder vers le ciel un instant.

Alors, l’élite dirigeante du temps leur a construit ce qu’il fallait pour sortir la tête de la boue.

Le populo serait le premier emmerdé s’il devait se charger de « culture ».

Nous nous retrouverions avec les débris de la culture de masse des années 80 et 90, ce qui serait à peine mieux que le rap.

Il faut ne pas connaître le peuple pour l’imaginer en mesure de créer culturellement quelque chose de nouveau, sans même parler de quelque chose de grand. À qui remettriez-vous une cérémonie des Jeux Olympiques qui soit issu de la France pavillonnaire ?

Certes, le génie n’a pas de classe sociale, mais un génie, sans appui pour créer, ne pourra pas se déployer.

Ce charabia démocratique proposé par Bousquet n’a aucun sens.

La question n’est pas de « mettre le peuple au pouvoir » culturellement puisqu’il ne produit aucune culture. C’est une mystification au coeur de l’imposture démocratique. Il s’agit de remplacer la démocratie procédurière cosmopolite par un pouvoir autoritaire, raciste et méritocratique sur tout ou partie du territoire français, ainsi qu’en Europe.

La véritable question est celle du financement de la culture et du droit suprême que se réserve l’État, donc ceux qui le dirigent, à coopter tel ou tel créateur.

C’est ici, justement, que l’illusion de la conquête formelle du pouvoir, électorale, atteint sa limite. Soit on se subordonne à la classe sociale dominante, soit on décide de la décapiter, en tout ou partie, mais on ne la dirige pas « malgré elle ».

Ce n’est certainement pas le RN, ni une quelconque « élection » qui soldera le problème.

Se pose donc la question de la révolution.

Je ne crois qu’à l’apparition d’une aristocratie raciale issue du chaos démographique généralisé, une nouvelle élite foncièrement anti-démocratique, qui saura ouvrir à l’esprit aryen un autre champ de possibilités.

En ce sens, je crois à la régénération artistique par la guerre raciale totale.

D’ailleurs, je me considère comme un artiste moi-même.

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